Boss hystérique, clients sur les dents, institutrice donneuse de leçons, coiffeuse odieuse (« Non mais vous avez vu l’état de vos cheveux ? »), le cynisme s’est immiscé partout sans qu’on n’y prête plus attention. Comme une fausse note un peu désagréable, que nos tympans tolèrent, voire n’entendent plus.
Face aux autres, je gère. Les choses me glissent un peu dessus. J’ai remarqué souvent qu’on était plus efficace en restant cool, positif, souriant. Et je pensais honnêtement être la dernière à pratiquer l’impolitesse ambiante. Mais ça, c’était avant…
Le déclic est venu lorsque mon fils aîné a démarré ses recherches de stage en entreprise. Il envoyait chaque jour des CV et des lettres de motivation à des sociétés qui le faisaient rêver. En pensant (naïvement ?), qu’il allait recevoir des réponses. Je l’ai d’abord vu espérer, puis attendre et vite, comprendre…
J’ai réalisé que je reçois moi aussi de très nombreuses candidatures auxquelles je ne réponds juste jamais. Pire, que lorsque nous lançons un recrutement, je ne fais aucun retour aux postulants dont les profils ne me conviennent pas (et dont la plupart du temps je balaye les parcours de manière très transversale). Pas le temps, débordée, toujours plus urgent, toujours plus important.
Et de comprendre en regardant mon fils que, pour cette génération qui a encore un pied dans l’enfance, le premier contact avec le monde de l’entreprise, c’est celui-là : une indifférence blâmable, car pratiquée par ceux qui tiennent les rênes et doivent montrer l’exemple.
Alors depuis, je m’améliore. Je réponds, enfin, j’essaye. Je me dis que nos vies bien remplies ne justifient pas tout et qu’on peut toujours trouver le temps de se mettre à la place de l’autre. Qu’un peu de bienveillance, d’empathie, ça allège, ça fait grandir.
Aucun commentaire